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CHANT QUATRIÈME. 115

beau comme son front, dont les boucles d’une chevelure d’or voilaient à demi la candeur. Mais jamais son sourire n’était plus aimable que lorsque la jeune fille de Rokeby était auprès de lui. Il était fier de guider les pas chancelans de Matilde, qu’il appelait du doux nom de sœur. Il aimait à la bercer en chantant les ballades de sa terre natale. Il allait cueillir la primevère et la jolie paquerette, et en tressait une guirlande pour elle. Ces deux enfans jouaient ensemble dans la prairie, sous l’ombrage, sur la rive du ruisseau, et Rokeby voyait en souriant cette tendre amitié fraternelle.

XII.

Mais les mois du printemps changent les jeunes boutons en fleurs, et les fleurs en fruits : les années de la vie conduisent l’homme de l’enfance à la jeunesse, et de la jeunesse à l’âge mûr. On vit bientôt dans les forêts de Rokeby un nouveau chasseur poursuivre la bête fauve. Redmond aime à harceler le farouche sanglier sur les rives de la Greta ; il aime à percer de ses flèches ou du plomb meurtrier le chevreuil moins rusé : mais plus volontiers encore, aux beaux jours d’automne, il aime à gravir le tronc touffu de noisetier, et à verser ses fruits en grappes dans un voile préparé par Matilde. Matilde aussi a perdu le goût de ses premiers jeux, et connaît tout ce que peut son regard ; elle prend le ton sévère d’un Mentor pour reprocher à Redmond ses dangereux plaisirs ; elle se plaît cependant à l’entendre raconter la résistance du sanglier, et le signal de sa défaite, donné par les cors, qui font retentir les rochers et les bois de leurs fanfares joyeuses ; mais elle trouve bien surprenant que ces divertissemens sauvages puissent être recherchés des mortels !

XIII.

Redmond savait si bien embellir ses récits des descriptions des forêts et des vallons il savait si bien raconter tout ce qui rend la chasse intéressante, et revêtir tout ce