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ABLE.

s’élança sur la selle. On poussa un cri de douleur lors qu’on vit le signe du salut tomber à terre. Le vieux comte tira son épée du fourreau : mais le prélat, plus calme, lui arrêta le bras. — Laissez-le s’éloigner ! dit-il ; le ciel connaît son heure... Mais il faudra qu’il donne des preuves de repentir, qu’il prie et qu’il verse des larmes amères, avant de posséder aucun domaine sur les rives de la Tyne et du Wear. C’est ainsi que le jeune Harold l’indomptable, fils du comte Witikind, dit adieu à son père.

XIII.

Un repas splendide réunit les prêtres et les soldats, les païens et les chrétiens. Le sage prélat tolère lui-même un scandale qu’il espère détruire avec le temps. Il eût été dangereux, selon lui, de parler de sobriété à un Danois qui n’était encore chrétien qu’a demi. L’hydromel et l’orge fermentée coulent à grands flots. On chante, on crie, on mêle le Kyrie eleison aux chants guerriers du Danemarck et de la Norwège. Enfin, s’étant mutuellement lassés, les convives s’étendent sur des nattes de jonc. A la bruyante gaieté succède le calme du sommeil, mais un orage semble déclarer la guerre au château.

XIV.

Dans une tour solitaire était Gunnar aux blonds cheveux, fils de la vielle Ermengarde. Harold l’avait choisi pour son page ; car Ermengarde avait pris soin : de son enfance. Le jeune Gunnar se désolait en pensant que son maître n’allait avoir dans l’exil ni ami ni asile ! Il entend les roulemens de la foudre et le bruit, de la pluie. — Hélas ! dit le page, Harold erre au milieu des ténèbres, exposé à toute la rage des elemens ! Harold est dur et sauvage ; mais il m’aimait cependant, parce que j’étais le fils d’Ermengarde ; et j’ai souvent suivi mon maître à la chasse, depuis l’aurore jusqu’à la nuit, sans en recevoir une seule réprimande : Que n’ai-je quelques années de plus ! Je quitterais bientôt les rives de la Tyne ; car,