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VIII.

Les tresses mêlées de ses cheveux tombaient sur son front dans un désordre fantastique, son vêtement large et court laissait à découvert ses jambes nerveuses ; une espèce de tunique couleur de safran entourait son sein de replis nombreux ; sur ses épaules flottait aussi un vaste manteau hérissé de frimas et souillé de sang ; il portait un fardeau enveloppé et pressé sur son cœur : il s’arrêta un moment appuyé sur un baton noueux, secoua la neige qui surchargeait sa barbe et ses cheveux, et promenant autour de lui ses yeux égarés, il s’avança d’un pas chancelant vers le foyer, et y déposa un enfant d’une beauté rare et à demi mort de froid. L’étranger fit à Rokeby un salut respectueux, et se releva aussitôt pour expliquer son message avec la rudesse et la majesté de l’envoyé d’un prince barbare.

— Sir Richard, seigneur de Rokeby, dit-il, écoute-moi. Turlough O’Neale te salue avec amitié, et confie à tes soins le jeune Redmond son petit-fils ; il te prie de l’élever comme si tu étais son père, car les jours heureux de Turlough se sont évanouis ; d’autres Chefs lui ont ravi ses domaines, ses mains restent faibles et désarmées, toute la gloire de Tyrone s’est dissipée comme la vapeur brillante d’un matin. Pour te rappeler les droits de son amitié, il te prie de penser aux banquets de l’hospitalité ; si l’oppression menace jamais le jeune O’Neale, pense à l’épée d’Erin. Ce dépôt était d’abord destiné à Mortham ; mais en son absence c’est toi que regarde l’honneur de le recevoir… J’ai rempli le message de mon seigneur… Ferraught mourra content…

IX.

Ses yeux deviennent immobiles et glacés, la pâleur couvre son front ; il tombe après avoir dit ces dernières paroles. Les vastes replis de son manteau cachaient une blessure mortelle. Tous les secours qu’on lui prodigue sont inutiles ; le jeune orphelin pousse des cris de dou-

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