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112 ROKEBY.

dans lequel périt le vaillant maréchal sir Henry, alors que l’Avon porta à l’Océan ses ondes teintes du sang des Saxons. Ce fut dans cette journée fatale que Mortham et Rokeby prouvèrent pour la première fois leur intrepidité. Ils étaient sur le point de recevoir aussi le coup de la mort ; mais la pitié toucha le cœur d’un capitaine irlandais, Taniste 1 du grand O’Neale, qui arrêta la fureur de ses soldats ; et, faisant prisonniers les deux cousins, les conduisit dans son château au milieu des montagnes. Là il leur fit connaître tous les plaisirs des champs, et parcourut avec eux les rochers et les forêts de Slieve-Donard. Ils furent admis, grâce à lui, au banquet des joyeux enfans d’Erin, et chassèrent, avec leurs hôtes, le loup et le chevreuil. Enfin, lorsque le temps favorable fut arrivé, le Taniste les renvoya sans rançon et comblés de présens, pour leur prouver le respect et l’amitié d’un guerrier généreux.

VII.

Les années s’écoulent rapidement. Déjà quelques cheveux blancs annonçaient à Rokeby l’hiver de sa vie. Heureux sur les rives de la Greta, il jouissait du repos que Jacques-le-Paisible accordait à ses sujets, tandis que Mortham faisait la guerre au-delà des mers dans l’Amérique espagnole.

La neige blanchissait les sommets du Stanmore, montagne chère aux orages ; la chasse était terminée, le cerf vaincu ; les coupes se vidaient dans le château hospitalier de Rokeby, et le chevalier était assis près de son vaste foyer ; le ciel était nébuleux, et la nuit obscure, lorsqu’un bruit soudain vint ébranler la porte ; une voix, dont l’accent était étranger, implorait en même temps des secours et un asile. La porte s’ouvre, et aussitôt se précipite dans la salle du foyer un homme dont l’aspect et le costume effraient d’abord le cercle réuni autour du feu.

(1) Le Taniste était le successeur immédiat d’un seigneur suzerain d’Irlande. — Én.

CHANT QUATRIÈME