Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/116

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confient aux zéphyrs leurs émanations suaves. Tels sont les groupes variés que le pinceau magique du peintre d’Urbint a rassemblés autour du prophète de Tarse, lorsqu’il révèle sur la colline de Mars le dieu inconnu aux fiers citoyens d’Athènes. Ici des philosophes en cheveux blancs, et courbés par la vieillesse, semblent conserver encore leur orgueil ; là on remarque le vieux guerrier qui porte les honorables cicatrices de ses blessures : à son côté, la beauté grecque s’incline pour mieux écouter ; le jeune enfant folâtre aux pieds de sa mère, ou se suspend avec amour à sa ceinture.

IV.

— Reposons-nous ici, dit Matilde en s’arrêtant sous un berceau de feuillage. Rassemblés par le hasard, nous pourrons, grâce à l’amitié, dérober une heure de bonheur à la fortune jalouse. Vous,Wilfrid, dont j’ai éprouvé la générosité, vous m’accorderez vos conseils comme à une sœur chérie. Demeurez aussi, Redmond ; cessez, à ma prière, une poursuite inutile. Un dépôt est confié à mes soins ; je ne puis que me défier de mon zèle en me voyant presque orpheline et solitaire. Mon père est captif ; quelle défense me reste-t-il ?

Ce fut avec sa grâce accoutumée qu’elle fit mettre Wilfrid auprès d’elle, sur le gazon ; puis elle s’arrêta, baissant les yeux, et ne dit pas au jeune Redmond de s’asseoir à son côté. Redmond s’aperçut de cette tendre défiance ; il se retira modestement, et se plaça à quelques pas plus loin, pour pouvoir contempler, sans être vu, celle qu’il aimait.

V.

Les beaux cheveux de Matilde, divisés en tresses d’ébène, voilaient presque toute la blancheur de son front, et ne révélaient qu’à demi ses noires prunelles. Les joues de la jeune châtelaine étaient colorées d’une si faible teinte de rose, qu’au premier coup d’œil on était surpris

(1) Raphaël d’Urbin. — En.