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CHANT TROISIÈME. 105

d’œil sur lui. Elle disait à Mortham qu’elle ne pouvait me voir sans une secrète horreur et un sinistre pressentiment… Qu’elle se reproche d’avoir fait une prophétie véritable ! La guerre a diminué le nombre des serviteurs de Rokeby ; il en est peu qui soient restés dans son château. Si ta ruse échoue, nous ne perdrons pas de temps. Nous sommes assez forts pour prendre les tours d’assaut et enlever les trésors et l’héritière après avoir laissé le château en proie aux flammes !

XXXVII.

— Bertram est toujours le fils de la valeur et l’ami des exploits aventureux ; mais réfléchis d’abord, dit Denzil, aux périls d’une telle entreprise. Les gardes du château sont en petit nombre ; mais ils sont fidèles et dévoués. Il y a un rempart à escalader… un fossé à franchir… des portes à briser… — Ami, interrompt Bertram, si de tels obstacles nous arrêtent, à quel butin pouvons-nous pré-tendre ? Notre plus brillant exploit sera de pénétrer dans la chaumière sans défense d’un serf malheureux, et nos plus riches dépouilles le vil salaire de ses sueurs. — Laisse un moment ta bouillante valeur, reprit Denzil ; lorsqu’une route belle et sûre s’offre à nous, pourquoi choisirais-tu dans une aveugle témérité un sentier périlleux ? Écoute-moi donc, et tu applaudiras à mes ruses. Je connais toutes les issues du château de Rokeby, depuis le faite des toits jusqu’aux caveaux souterrains. Il est une poterne basse et obscure dans laquelle s’ouvre une porte dérobée presque toujours négligée ou même oubliée. Si donc un de nos espions pouvait sous un déguisement s’introduire dans le château, il nous livrerait cette secrète issue en enlevant les verrous, et nous braverions l’obstacle des remparts et de la sentinelle.

XXVIII.

— Voilà, dit Bertram, qui me satisfait… Peu m’importe d’ailleurs que la force ou la ruse me mène à mes fins. Il m’est indifférent de surprendre ma proie comme le renard

106 ROKEBY,