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104 ROKEBY.

par Mortham pour orner les cheveux de Matilde. Sa tendresse fut le nouveau lien qui l’attachait à la vie ; mais soudain les discordes civiles se réveillèrent, et ses vassaux portèrent par ses ordres, pendant la nuit, trois coffres de fer dans la tour solitaire qu’habite Matilde, au château de son père : ces coffres contenaient de l’or et des pierreries, et c’est un trésor que Mortham destinait à sa fille adoptive, s’il venait à succomber dans les combats.

XXV.

— Je te devine, dit Bertram : je vois bien que le projet de Denzil est de s’emparer de ces coffres précieux ; car pourquoi errerait-il dans ces lieux où tant de périls l’environnent ; dans ces lieux où l’on n’a pas oublié ses prouesses pendant la guerre et pendant la paix ; le pillage de tant de chaumières, et le vol de tant de gibier ? Dans quel hameau du voisinage y a-t-il un foyer champêtre qu’il ait épargné ? Quel est le bois qui n’a pas entendu pendant la nuit siffler la flèche rapide de Denzil ?

— Je n’ai pas oublié mon métier, répond Denzil ;… et dans ce moment mes piqueurs suivent les traces d’une jeune biche, blanche comme le lait ; elle a établi son asile près du château de Rokeby ; elle croit errer en sûreté sous l’abri des bocages du Thorsgill. Lorsque mes chasseurs auront remarqué tous ses pas, que penses-tu, Bertram., d’une proie semblable ? Si la fille de Rokeby tombe en notre pouvoir, sa rançon lui coûtera la dot que lui a laissée le seigneur de Mortham. —

XXVI.

— Heureuse idée ! s’écria Bertram ; elle sourit à ma vengeance ! Matilde est recherchée par Wilfrid ; et l’audacieux Redmond, dit-on aussi, lui adresse, comme Wilfrid, les hommages d’un amant. Bertram a été l’objet de ses méprisans refus… Si le hasard me conduisait sur ses pas, elle détournait son regard avec terreur comme une jeune fille dont la fierté ne peut souffrir la vue de celui qu’elle hait, et qui dédaigne de laisser tomber un coup