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CHANT PREMIER. 7

courtisane ? Honte éternelle au fils d’Eric ! Les harpes de tous nos scaldes flétriront ta gloire, et Harold te refusera le nom de père.

X.

Le comte Witikind écume de fureur : — Écoute-moi, Harold, fils endurci, s’écria-t-il ; seras-tu toujours plus téméraire et plus arrogant ? Je t’ordonne de renoncer à des outrages insensés. Crains mon courronx et garde le silence. J’acquitte la dette légitime du repentir ; l’Église m’accorde une riche récompense, et je prouverai par mon épée la vérité de ses dogmes. Je ne dois compte de mes actions à personne, et encore moins à mon fils. Mais pourquoi te parlé-je de repentir et de vérité, à toi qui, depuis ton berceau, n’as connu ni la pitié ni la raison ? Fuis loin de ces lieux ; va trouver le tigre et l’ours dans leurs cavernes : voilà les compagnons dignes de toi.

XI.

Harold sourit avec férocité, et reprit froidement : — Nous devons honorer nos pères et les craindre... Pour moi, je suis ce que m’ont fait tes leçons ; mon berceau fut ton bouclier ; mon premier jouet fut ton glaive. Enfant, on m’apprit à frapper des mains et à pousser des cris de triomphe lorsque la flamme embrasait les châteaux. On me faisait tremper les mains dans le sang d’un ennemi vaincu, et ce sang servait de fard à mon visage. C’est toi qui n’as jamais connu la vérité, toi qui vends dans ta vieillesse le culte de tes ancêtres. Lorsque cette louve — et il lança le cadavre sanglant dans la plaine, — lorsque cette louve, revenue à la vie, offrira encore ses mamelles à ses nourrissons, Harold reverra le visage de son père ! ... Jusqu’alors, ancien idolâtre et nouveau chrétien, adieu !

XII.

Prêtres, moines et prélat, tous restèrent immobiles de terreur, et laissèrent passer au milieu d’eux le jeune païen. Il renversa un porte-croix de dessus son cheval, et

8 HAROLD L’INDOMPT