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cains qui rient des prédicateurs et de la Bible ; les autres, de ces cavaliers à qui les rigueurs de la discipline étaient insupportables comme à moi. Nous avons cru plus sage de faire la guerre à notre manière que d’aller rendre le dernier soupir sur le champ de bataille pour les prêtres ou les rois. Tous nos plans sont arrêtés ; nous n’avons plus besoin que d’un chef pour nous conduire. Te voilà condamné à une vie errante ; tu es poursuivi comme le meurtrier de Mortham, et ta tête est mise à prix. Ainsi du moins nous l’ont rapporté tout à l’heure nos espions, qui parcouraient la vallée sous un déguisement. Viens te joindre à nous. La discorde menace de déchirer notre état naissant : chacun de nous refuse d’obéir à son égal ; mais qui refuserait de suivre les ordres d’un capitaine tel que toi ?

XIII.

— Il n’y a qu’un instant, se dit Bertram à lui-même ; il n’y a qu’un instant que, dans ma soif de vengeance, j’appelais l’enfer à mon secours ; l’enfer m’a entendu. Commander à des soldats aussi déterminés, n’est-ce pas être sûr d’assouvir mes ressentimens ? Ce Denzil, initié dans tous les crimes, pourrait en apprendre à Lucifer. Eh bien, soit ! que ces bandits soient les instrumens de ma vengeance, — Oui, j’accepte tes offres, ajouta-t-il tout haut. Dis-moi seulement où sont tes camarades.

— Non loin d’ici, lui répond Guy Denzil ; descendons la rivière, que nous traverserons là-bas, où tu vois la crête aride de ce rocher.

— Marche devant, reprit Bertram… Prenons toujours nos précautions, pensait-il ; Guy Denzil se connaît en trahisons.

Ils suivirent la pente de la Greta, traversèrent la rivière, et trouvèrent sur la rive opposée le lieu indiqué par Denzil.

XIV.

Bertram entendit un bruit sourd qui partait des en-