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LA RECHERCHE DU BONHEUR

— Baise-moi les mains tant que tu voudras, dit John, et va-t’en à tous les diables !

xvii.

À la porte voisine de celle de John demeurait sa sœur Peg[1], jadis joyeuse fille qui dansait de bon cœur au son de la cornemuse ; mais, devenue plus sérieuse, elle s’occupe à filer son chanvre et à traire sa vache. Peg, qui fut jadis une pauvre déguenillée, sans être un modèle d’opulence et de propreté, balayait du moins une fois le mois sa maison, et une fois la semaine faisait un bon repas ; Peg, qui jadis montrait dents et griffes à la moindre provocation, était devenue soumise aux lois et aussi paisible que qui que ce fût dans la nation. Le seul souvenir de ses plaisirs belliqueux c’était ses vieilles ballades dont elle amusait ses enfans. John Bull, avec qui, dans leurs anciens débats, elle vivait comme chien et chat, trouvait, disait-il, que sa voisine savait s’industrier, était laborieuse, aimait de longues prières, parlait le jargon du nord, et se montrait diablement tenace quand elle faisait un marché.

xviii.

Le sultan entre et salue. La sœur Peg lui fit la révérence avec tout le décorum d’usage. Elle devina de suite à qui elle avait affaire ; et lui dit de s’asseoir au coin du feu, puis, tirant de l’armoire son whisky et sa galette, lui demanda les nouvelles d’Orient et de ses fils absens les pauvres Highlandais. — La paix a-t-elle fait baisser le thé, le poivre et les muscades ? Si vous voulez acheter de la toile bien filée, je vous la garantis.

xix.

À ces mots Peg se lève et va chercher dans tous les coins de la maison, ce qu’elle veut vendre ; mais le sultan la retient et lui crie

— Madame, ce n’est pas là ce que je demande ; je vous

  1. Margot, Marguerite, l’Écosse.