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LA RECHERCHE DU BONHEUR

x.

— La Sympathia magica fait des merveilles ! — C’est en ces termes que Fatime s’adressa à son fils. — Elle agit sur les fibres et les pores pour nous rendre insensiblement à la santé ; c’est elle qui doit nous servir. Il faut, mon fils, que tu gardes ton mal ou que tu voyages pour trouver le remède. Parcours la terre et les mers, et procure-toi, n’importe où, le vêtement intérieur d’un homme heureux, je veux dire sa chemise, mon fils, qui, prise toute chaude sur sa peau, dissipera ton malaise, ranimera ton sang dans tes veines, et fera bondir ton cœur aussi légèrement que celui d’un petit berger.

Tel fut le conseil que la mère de Soliman lui donna. Je ne sais pas trop si elle avait quelque arrière-pensée, comme ces docteurs qui ordonnent a leurs patiens de changer d’air quand ils sont sûrs de les voir bientôt mourir entre leurs mains. Peut-être aussi pensait-elle que le titre de reine-régente sonnait mieux a l’oreille que celui de reine-mère ; mais la chronique dit (la consulte qui voudra) que tel fut le conseil de Fatime, et le sultan le suivit.

xi.

On est à bord. Le sultan et sa suite, embarqués dans une galère dorée, vont sillonner les flots. Le vieux reis[1] fut le premier qui fît la question : — Où allons-nous ? Grand silence, — L’Arabie, se dit en lui-même le prince mélancolique, l’Arabie porte depuis plusieurs siècles le surnom d’heureuse : — À Mokha, réis. — Et ils firent voile pour Mokha, où ils arrivèrent sans accident.

Mais ni dans l’Arabie avec tous ses parfums, ni dans ces plaines où la Judée pleure sous son palmier, ni dans la riche Égypte, ni dans les solitudes de la Nubie, on ne put trouver les traces du bonheur. Un Cophte seul assura l’avoir vu sourire quand Bruce vint aux sources du Nil.

  1. Le capitaine du vaisseau.