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LA RECHERCHE

nière édition publiée par Longman et compagnie, Rees, Hurst et Orme, nos patrons en littérature[1].

iv.

Serendib une fois trouvé, n’allez pas croire mon histoire une fable ; notre sultan, soit absence de contradiction ( espèce de stimulant qui réussit à merveille pour relever les esprits vitaux et purifier les humeurs, spécifique souverain pour toutes sortes de cures, dans la pratique de ma femme et peut-être aussi de la vôtre) ; soit donc que le sultan manquât de cette salutaire recette, ou de tout autre cordial plus propre au palais d’un prince, soit qu’un mollah eût troublé ses rêves par un de ces sortilèges qu’emploient les prêtres de Mahomet, c’est ce que j’ignore : mais le sultan ne riait jamais ; il mangeait et buvait à peine, et sa tristesse défiait tous les remèdes profanes ou sacrés. Dans la longue liste de ses mélancolies extravagantes ou muettes, Burton[2] n’en cite point d’aussi mauvaise.

v.

Bientôt arrivèrent des médecins sages, prudens et savans comme jamais il en fut ; d’un œil attentif ils regardent la langue du sultan, examinent son bain, et Dieu sait quoi encore ; ensuite ils prononcent d’un ton solennel le résultat de leurs observations : — Sa Majesté est loin d’être bien !

Alors chacun veut offrir son spécifique, Hakin Ibrahim avait apporté son baume, Nahazzim al Zerdukkaut[3] ; Roompot, praticien plus entendu encore, comptait bien davantage sur son Munaskif al Fillfily. Leurs doctes confrères se pressent avec eux autour de l’illustre malade pour lui appliquer leurs remèdes variés ; il accourut des chirurgiens et même des apothicaires, jusqu’à ce qu’enfin le monarque

  1. Libraires-éditeurs de Londres. — Ed.
  2. Auteur d’un fameux ouvrage sur la mélancolie. — Ed.
  3. Voyez pour ces mots d’Herbelot, autour de la Bibliothèque orientale ou le savant éditeur des Recettes d’Avicenne. — Ed.