Battista lui servait d’interprète ! Cependant, jeune dame, ne craignez pas de moi la naïveté des détails que se permettent les enfans de la terre de la mélodie. La licence italienne aime à franchir les bornes ; nous autres Bretons nous avons plus de pudeur, et si nous ne sommes pas sages dans notre gaieté, du moins nous devons respecter la bienséance.
Sous le climat lointain d’Orient, vivait naguère le sultan Soliman, magnifique prince dont les yeux ne pouvaient promener leurs regards sans trouver tous ceux des autres fixés vers la terre, et dont les oreilles royales entendaient toujours la même phrase : — Sultan, ton esclave t’écoute et t’obéit.
Chacun a son goût laissons ces graves personnages aimer la pompe et la grandeur. Pour moi, je préfère le cœur honnête d’un monarque qui se promène autour de sa ferme, ou qui, lorsque les travaux de l’État le lui permettent, cherche au coin du feu le bonheur domestique ; je préfère un prince qui fait circuler la bouteille et qui choque le verre et rit avec ses sujets, un prince sachant être à propos le plus gai des convives, hasarder un bon mot et chanter un refrain ; de tels monarques conviennent mieux à notre joyeuse et libre Angleterre ; mais les despotes doivent être superbes, sévères et taciturnes.
Ce Soliman régnait à Serendib. — Où est Serendib ? me dira quelque critique. Eh ! mon bon ami, consultez la mappemonde ; n’allez pas effaroucher mon Pégase avant que je sois parti. Si Renel ne vous montre pas Serendib, vous trouverez cette île dans la carte du capitaine Sindbad, fameux marin ; dont les histoires firent perdre patience à tous ses parens et amis jusqu’à ce que, désireux d’avoir un hôte qui les trouvât plus courtes, ce conteur sans pitié daigna les adresser à un portier. Voyez la der-