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PRÉCIS DE L’HISTOIRE

CONCLUSION.

Quinze chevaliers ont mordu la poussière, mais auprès d’eux expire aussi Tristrem le jeune. Tristrem lui-même est blessé ; sa blessure excite sa fureur. Il se rend à sa demeure, et se jette sur sa couche. Maints baumes sont apportés pour calmer sa douleur.

Mais aucune puissance, aucune science, aucun trésor ne peuvent lui porter secours. Son ancienne blessure s’est rouverte ; l’os est brisé. Pauvre chevalier ! toute assistance est inefficace, excepté celle d’Ysonde, la belle reine de Cornouailles.

Tristrem appelle Ganhardin, son compagnon fidèle : « Mon frère, lui dit-il, tu peux me secourir et me procurer guérison. Va trouver la belle Ysonde en Cornouailles ; porte avec toi ma bague, gage chéri et secret. Si elle ne consent à me tirer de peine, hélas ! adieu la vie.

— Prends mon vaisseau, chargé de riches marchandises ; fais faire deux voiles, chacune de différente couleur ; que l’une soit noire, l’autre blanche comme neige ; et quand tu reviendras, le signal indiquera l’issue de ton voyage. Si Ysonde m’abandonne, tu mettras la voile noire.

Ysonde de Bretagne à la blanche main écoute avec tristesse, et comprend bien que Tristrem envoie quérir Ysonde la blonde en Angleterre. — Je serai vengée, se dit-elle, de mon perfide époux ! Quoi ! il fait venir des faucons sauvages[1], et moi je serais mise de côté !

Ganhardin met à la voile pour l’Angleterre : il arrive, et se donne pour un riche marchand. Il porte de riches marchandises et de splendides habits. Il fait des dons à Marc et aux seigneurs de sa cour. Il prépare aussi une coupe où il cache la bague, et la remet à Brengwain pour la reine.

  1. Au figuré filles de joie. — Ed.