son extrême ressentiment, il demande raison à Tristrem de son étrange conduite avec sa femme. Tristrem répond avec fierté que puisqu’elle a trahi le secret conjugal, il renonce à elle pour toujours, et retournera à sa première maîtresse, dame trois fois plus belle que l’Ysonde de Bretagne.
Cette déclaration cavalière, jointe peut-être à la prouesse redoutée de Tristrem, produit sur Ganhardin un effet tout différent de ce qu’on pouvait en attendre. Sa curiosité est vivement excitée sur la beauté inconnue que Tristrem a tant vantée. Déposant tout son ressentiment, il devient l’ami de notre héros, et le fidèle confident de ses amours.
Tristrem conduit Ganhardin à son merveilleux château. Le prince breton, se trouvant sur les domaines de Beliagog, craint que Tristrem ne le conduise à la mort. Tristrem lui explique comment le géant est devenu son vassal. En conséquence, Beliagog accourt à son signal convenu, appuyé sur une béquille.
Au commandement de Tristrem, le géant introduit les deux chevaliers dans la salle splendide qui a été construite en l’honneur de la reine de Cornouailles. La beauté d’Ysonde et de Brengwain, telle que la sculpture en offre l’image, produit une telle impression sur Ganhardin, qu’il chancèle, recule d’étonnement, et tombe à la renverse. Lorsqu’il revient de son extase et regarde de nouveau les statues, surtout celle de Brengwain, qui est représentée avec la fatale coupe à la main, il avoue franchement que la beauté d’Ysonde est bien supérieure à celle de sa sœur ; que Tristrem est en tous points excusable de sa conduite, et que lui-même il est si épris des charmes de Brengwain, qu’il faut qu’il la voie ou qu’il en meure.
Tristrem promet au prince breton de s’intéresser vivement à son amour pour Brengwain. Ils s’embarquent tous deux pour la Grande-Bretagne.