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DE SIR TRISTREM

CHANT TROISIÈME.

i à x.

IL y avait au pays de Galles un roi nommé Triamour : il avait une jeune fille qu’on appelait Blanche-Fleur. Urgan, prince voisin, voulut conquérir cette douce beauté, et l’emmener captive. Il assiège Triamour dans son château, et ravage la contrée.

Tristrem, banni de Cornouailles, apprend cette injuste attaque. Triamour invoque son assistance, et lui promet le don de ceux de ses domaines que l’ennemi a conquis, s’il parvient à les reprendre.

Tristrem et Urgan se déclarent ennemis, et en viennent à un combat singulier. Urgan est un chevalier d’une taille gigantesque. Il reproche à Tristrem la mort de son frère Morgan, qui a péri de la main de notre héros.

Les deux antagonistes combattent avec acharnement. Tristrem tranche la main droite d’Urgan ; mais le géant continue la bataille de la main gauche ; mais bientôt, serré de près, il fuit, et se réfugie dans son château.

Tristrem ramasse la main sanglante du vaincu, et l’emporte. Urgan sort de son château avec des baumes d’une vertu miraculeuse pour reprendre sa main et la recoller à son bras ; mais ne trouvant ni la main ni Tristrem, il se met à sa poursuite, et l’atteint sur un pont où le combat est renouvelé en présence d’une multitude de spectateurs.

Urgan, furieux, serre Tristrem de près, et fend son bouclier en deux ; mais Tristrem, évitant son autre coup, le perce lui-même de part en part. Le géant, dans l’agonie de sa mort violente, saute par-dessus le pont dans la rivière.

Triamour reconnaissant récompense la valeur de Tristrem, en lui cédant la souveraineté du pays de Galles, et lui offre aussi un joli petit chien, appelé Peticrew, dont le poil est de trois couleurs, rouge, vert et bleu.