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DE SIR TRISTREM

instrument jusqu’à ce qu’il lui ait accordé un don : Le roi jure sur son honneur de chevalier qu’il satisfera sa demande. Le ménestrel s’accompagne de sa harpe, en chantant un lai, dans lequel il réclame Ysonde comme le don promis.

Marc ayant engagé son honneur, n’a d’autre alternative que de passer pour un chevalier déshonoré, ou de livrer sa femme au ménestrel : il se décide à ce dernier parti.

Tristrem avait, été absent à la chasse : il arrive au moment où le comte aventurier emmène la belle Ysonde. Il reproche au roi (non sans raison) son extravagante générosité pour les ménestrels. Alors il saisit lui-même sa rote ; et, courant au rivage où Ysonde venait de s’embarquer, il commence à jouer de cet instrument.

Le son en affecte profondément Ysonde, qui devient tellement indisposée, que le comte, son amant, est contraint de revenir à terre avec elle.

Ysonde prétend que la musique de la rote de Tristrem est nécessaire à son rétablissement ; et le comte, à qui Tristrem était inconnu, personnellement, lui propose d’aller en Irlande à sa suite. Ysonde se ranime au son de la musique de son amant, et le comte se prépare à remonter sur son vaisseau. Alors Tristrem saute sur son coursier ; et saisissant la bride de celui d’Ysonde, il l’entraîne, et fuit dans le plus épais du bois, après avoir crié, en se moquant, au comte d’Irlande, qu’il a perdu par la rote ce qu’il avait gagné par la harpe,

Les amans restent toute une semaine dans une hutte de la forêt ; après quoi Tristrem restitue Ysonde à son oncle, en conseillant de ne plus accorder à l’avenir de semblables dons aux ménestrels.

lxxiv à lxxx.

Meriadoc[1], chevalier de Cornouailles, compagnon de Tristrem, et qui lui a des obligations, conçoit des soup-

  1. Dans le roman français, c’est un neveu de Marc qui se fait le dénonciateur des amans. — Ed.