Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
GLENFILAS

flamme, les jeunes filles des montagnes et leurs amans dansaient gaiement.

Animés par la lyre de Ronald, les vieillards eux-mêmes oubliaient leurs cheveux blancs ! Hélas ! aujourd’hui nous chantons l’hymne funèbre ! Nous ne reverrons plus lord Ronald.

Un Chef d’une île éloignée vint partager les plaisirs du château de Ronald, et chasser avec lui la bête fauve qui bondit sur les coteaux escarpés d’Albyn.

C’était Moy, que l’esprit prophétique du Seer éclaira dans l’île de Colomba, où, brillant du feu des ménestrels, il réveillait l’harmonie de sa harpe.

Il connaissait maintes paroles magiques qui font trembler les Esprits errans, et ces airs puissans qui n’étaient point faits pour les oreilles des mortels.

Car on dit que ces prophètes ont des entretiens mystérieux avec les morts, et voient souvent d’avance le fatal linceul qui doit envelopper un jour ceux qui vivent encore.

Or, il advint qu’un jour les deux Chefs avaient été ensemble harceler le chevreuil dans ses repaires. Ils étaient loin de leur demeure, et parcouraient les taillis épais de Glenfinlas.

Aucun vassal ne les suit pour les aider dans leur chasse, les défendre dans le péril, ou préparer leurs repas. Le simple plaid des Highlands couvre les deux Chefs ; leurs fidèles claymores sont leurs seuls gardiens.

Pendant trois jours leurs flèches sifflantes volèrent à travers les taillis du vallon ; et quand l’humidité du soir les ramenait dans leur hutte, ils y portaient leur gibier.

La cabane solitaire était élevée dans le lieu le plus reculé de la forêt de Glenfinlas, auprès du sombre ruisseau de Moneira, qui murmure à travers cette solitude.

La nuit était belle, l’horizon calme depuis trois jours, et une rosée bienfaisante répandait la fraîcheur sur la bruyère et sur les rochers tapissés de mousse.