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THOMAS LE RIMEUR.

leva la harpe à la main (harpe magique qu’il avait obtenue pour prix de ses chants dans le royaume de féerie).

VII.

Le silence règne parmi les convives ; immobiles et muets, les harpistes pâlissent d’envie ; les lords armés s’appuient sur la garde de leurs épées, prêtant une oreille attentive.

VIII.

Le prophète commence ses chants magiques sur un mode élevé ; aucun des bardes qui sont venus après lui n’a osé les continuer.

IX.

Des fragmens de ses nobles récits flottent encore sur le fleuve des années, comme on voit après la tempête les débris d’un naufrage surnager sur les vagues.

X.

Il chanta la table ronde d’Arthur et le chevalier du Lac ; il dit comment le courtois Gawaine combattit avec valeur, et versa son sang pour l’amour des dames.

XI.

Mais ce fut surtout Tristrem et ses exploits que célébrèrent ses mélodieux accons. Aucun chevalier du temps d’Arthur ne surpassa le chevalier de Lionel.

XII.

Il reçut une blessure empoisonnée en soutenant les droits d’un oncle sans courage ; ce fut pour le roi Marc qu’il immola le farouche Morolt sur le rivage d’Irlande.

XIII.

Aucun secret ne pouvait arrêter les progrès du poison ; l’art d’Esculape échouait lorsque la main de lis de l’aimable Isolde[1] sonda la fatale blessure.

XIV.

Sa douce main et ses tendres paroles eurent plus de vertu que les simples ; et, pendant qu’elle se penchait sur

  1. L’Iseult du roman français. –Ed