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THOMAS LE RIMEUR

il est rapporté une entrevue entre saint Kentigern et Merlin, surnommé alors Lailovren à cause de son genre de vie. Le saint lui commande de raconter son histoire ; il dit alors que la pénitence qu’il accomplit lui a été imposée par une voix du ciel. Selon sa propre prédiction, Merlin périt à la fois par le bois, la terre et l’eau ; car étant poursuivi à coups de pierres par des paysans, il tomba dans la Tweed, et fut transpercé par un pieu aigu qui avait été fixé à cet endroit pour placer un filet.

Sude perfossus, lapide percussus et unda,
Hœc tria Merlinum fertur mire necem.
Sicque ruit, mersusque fuit, lignoque pependit,
Et fecit vatem per terna pericula verum.

Mais dans une histoire en vers de Merlin de Calédonie, compilée par Geoffroy de Monmouth sur les traditions des poètes gallois, ce genre de mort est la destinée d’un page qu’une sœur de Merlin, qui désirait faire passer son frère pour un faux prophète, parce qu’il avait découvert ses intrigues, envoya sous trois déguisemens lui demander de quelle mort il périrait. La première fois Merlin répondit à celui qui le consultait qu’il périrait en tombant d’un rocher, la seconde qu’il mourrait par un arbre, et la troisième en se noyant ; ce qui arriva en effet au page, à peu près comme Fordun veut qu’il soit arrivé à Merlin lui-même.

En opposition avec les autorités galloises, Fordun confond ce second Merlin avec le Merlin d’Arthur. Mais il conclut en nous assurant que plusieurs auteurs en reconnaissaient deux.

Le tombeau de Merlin est montré aux étrangers à Drummelziar, dans la vallée de Teviot, sons une antique aubépine. Au couchant du cimetière, le ruisseau appelé Pansayl tombe dans la Tweed, et la prophétie suivante courut, dit-on, au sujet de la réunion des eaux de la Tweed et du Pansayl.

Quand la Tweed et le Pansayl se réuniront au tombeau de Merlin, l’Écosse et l’Angleterre n’auront plus qu’un monarque.

Le jour du couronnement de Jacques VI la Tweed déborda, et joignit en effet le Pansayl, au tombeau du prophète.

La mémoire de Merlin était en vénération en Écosse sous le règne de Jacques V. Waldhave, sous le nom duquel un livre de prophéties fut publié, se représente lui-même comme étendu