Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ROMANS POÉTIQUES

ET POÉSIES

Séparateur


GLENFILAS

OU
LE CORONACH[1] DE LORD RONALD



Cette ballade est fondée sur la tradition suivante :

Deux chasseurs des montagnes d’Écosse passaient la nuit dans un bathy[2] solitaire. Ils découpaient joyeusement leur gibier, et se versaient à grands flots la liqueur appelée whisky. L’un d’eux exprima le désir d’avoir deux jolies filles pour compléter la partie. Il avait à peine dit ces paroles que deux femmes habillées de vert, jeunes et belles, entrèrent dans la hutte en dansant et en chantant. Celui qui avait parlé fut séduit par la sirène qui s’attacha à lui de préférence, et il la suivit. Son compagnon demeura, se méfiant de ces belles enchanteresses, et il se mit à chanter des hymnes à la Vierge, en s’accompagnant de sa cythare. Le jour revint enfin, et la séductrice disparut. Ne voyant point retourner son ami, le chasseur alla le chercher dans la forêt, et ne trouva plus que ses ossemens. Il avait été dévoré par le démon qui l’avait fait tomber dans le piège. Le lieu témoin

  1. On appelle coronach le chant funèbre d’un guerrier. Ce sont les vieillards du clan qui chantent le coronach. — Ed.
  2. Hutte bâtie pour la chasse. — Ed.