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oreille insensible ne peut plus rien entendre; son visage se ride, ses mains se contractent, ses dents se heurtent, son regard flétri est fixe et distrait. Ce fut ainsi qu’immobile et sans proférer une plainte, le sauvage Roderic expira.

Allan le considérait avec effroi pendant son agonie silencieuse; mais, quand il vit qu’il n’était plus, il fit entendre le chant de mort du guerrier.

XXII.
LE CHANT FUNÈBRE DE RODERIC.

Tu n’es donc plus, noble fils des batailles,
Orgueil des tiens, terreur de tes rivaux!
Qui redira le chant des funérailles
Sur le cercueil où descend un héros?
Du ménestrel la harpe te fut chère;
Tu fus l’appui de Douglas malheureux;
Triste témoin de ton heure dernière,
Je gémirai sur ton clan belliqueux!

Dans tes vallons j’entends des cris d’alarmes,
Je vois pleurer tes vassaux éperdus!
C’est la fureur qui fait couler leurs larmes :
On leur a dit que Roderic n’est plus!
Quel est celui de ta tribu guerrière
Qui n’eut donné ses jours pour le héros?
Malheur! malheur au pin de ta bannière!
Qu’un crêpe noir en voile les rameaux!

Le sort cruel a trahi ton courage!
Le passereau surpris par le chasseur,
Faible captif, vit encor dans la cage;
L’aigle y périt de rage et de douleur.
Noble héros! un ménestrel sincère
Ose t’offrir l’hommage de ses chants :
A mes accords celle qui te fut chère,
Hélène, un jour unira ses accens!

XXIII.

Cependant Hélène, le cœur gros de soupirs, attendait l’audience du roi dans un appartement à l’écart, où les