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THOMAS LE RIMEUR.

sa jeunesse dans le royaume de féerie (fairy land), où il acquit toute la, science qui le rendit depuis si fameux. Après sept ans de séjour dans ces régions fantastiques, il obtint la permission de descendre sur la terre pour éclairer et surprendre ses compatriotes par ses talens prophétiques, mais en restant à la disposition de sa souveraine et ayant promis de retourner à elle aussitôt qu’elle l’exigerait.

En conséquence, pendant que Thomas se réjouissait avec ses amis dans son château d’Erceldoune, une personne vint lui annoncer avec toutes les marques de la crainte et de l’étonnement qu’un cerf et une biche avaient abandonné la forêt voisine et se promenaient librement dans le village : le prophète se leva au même instant, alla trouver les deux animaux, les suivit, et ne revint plus. Selon la croyance populaire, il habite encore le pays des fées. Quelque jour, à ce qu’on prétend, il viendra rendre de nouveau visite aux habitans de la terre ; en attendant, sa mémoire est en grande vénération. L’arbre d’Eildon, sous lequel il débitait ses prophéties, n’existe plus, mais la place est marquée par une large pierre, appelée la pierre d’Eildon ; un ruisseau voisin est désigné par le nom de Bogle-Burn (ruisseau des esprits), à cause des entretiens que le barde avait avec eux.

Le respect dont on entourait le lieu où habita Thomas d’Erceldoune s’étendit même à un certain degré jusque sur un homme qui choisit pour sa résidence la tour en ruines de Learmont, à une époque moderne : c’était une espèce d’herboriste appelé Murray, qui parvint à se faire pendant plusieurs années une réputation de sorcier par quelque connaissance des simples, la possession d’une horloge musicale, une machine électrique et un alligator empaillé, mais surtout par ses communications supposées avec Thomas le Rimeur.

Il eût paru impardonnable à l’auteur, en donnant la ballade suivante, de se contenter d’un simple commentaire, quand il s’agit d’un personnage aussi important dans nos traditions que Thomas le Rimeur.

Cette ballade est tirée d’un manuscrit que nous a confié une dame qui habite près d’Erceldoune ; elle a été corrigée et augmentée dans la copie de mistress Brown.