Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/449

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— Aucune brise ne glisse sur la fougère et ne ride l’onde paisible; l’aigle sommeille sur son aire; le daim s'est retiré dans le taillis; les oiseaux n’élèvent plus leur voix mélodieuse; la truite agile dort au fond des eaux, tant est sombre l’aspect de ce nuage précurseur de la foudre, qui semble couvrir d’un manteau de pourpre le pic lointain de Benledi.

— Est-ce la voix solennelle du tonnerre qui nous menace, ou le pas mesuré du guerrier qui frappe la terre retentissante ? Est-ce le feu brisé de l'éclair qui luit sur la forêt? ou seraient-ce les derniers rayons du soleil qui brillent sur les lances?

— Je vois le cimier de Mar, je vois l’étoiìe d’argent de Moray étinceler; les guerriers saxons s'avancent vers le lac : pour le héros amoureux des combats, pour le barde interprète de la gloire, un coup d’œil jeté sur cette armée vaudrait dix années d’une vie paisible.

XVI.

— Leurs archers, armés à la légère, observaient les. taillis : leur centre présentait une épaisse foret de lances, et les cuirassiers à cheval formaient l'avant-garde du corps de bataille.

On n’entendait résonner ni cymbale, ni clairon, ni cornemuse, ni tambour. Les combattans s’avancaient dans un silence qu’interrompait seulement le bruit de leur marche et de leur armure. Aucun souffle d’air ne balançait leurs cimiers, ou ne faisait flotter les drapeaux; à peine si l’on voyait trembler le feuillage du saule dont l’ombre frémissante s’étendait sur le chemin.

— Les vedettes envoyées à la découverte n’apportent aucunes nouvelles; elles n’ont surpris aucun ennemi en embuscade; elles n’ont aperçu aucune trace de créature vivante, excepté celle du daim que leur approche a fait fuir. L’armée poursuit sa route, semblable à la mer quand, elle ne rencontre sur son passage aucun rocher pour s’opposer au cours paisible de ses flots. Le lac est derrière les