Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/444

Cette page n’a pas encore été corrigée

lance sur le plancher ; celui qui osera la franchir pour offenser cette jeune étrangère recevra ma flèche dans le cœur! Abstenez-vous de toute parole libre et de toute raillerie grossière... Vous connaissez John de Brent ; c’est vous en dire assez!

IX.

Le capitaine parut ; c’était un jeune et vaillant officier de la maison de Tullibardine, qui n’avait point encore reçu les éperons des chevaliers. Franc, gai, léger, il s’exprimait avec liberté, quoique la courtoisie modérât un peu sa hardiesse naturelle. La fière Hélène supporta mal l’examen curieux de ses regards et son air peu respectueux; cependant Lewis était un jeune homme généreux et loyal; mais la grace et la beauté d’Hélène, si peu d’accord avec ses vètemens et le lieu où elle se trouvait, pouvaient faire naître des doutes, et égarer une imagination qui se livrait facilement aux vagues illusions.

— Soyez la bienvenue à Stirling, belle étrangère! dit Lewis : venez-vous y chercher un défenseur sur votre blanc palefroi et avec un vieux ménestrel, comme les damoiselles d’autrefois ? Votre aventure demande-t-elle un chevalier, ou suffit-il d’un écuyer pour l’entreprendre ?

L’œil noir d’Hélène étincelait : elle garde un moment le silence, et, poussant un soupir, elle répondit : — Hélas! ce n’est point à moi qu’il appartient d’avoir de la fierté : je viens, à travers les douleurs, la honte et les combats, demander une audience du monarque, implorer la grâce d’un père. Voilà pour obtenir la faveur que je désire, une bague , gage de la reconnaissance du prince, et donnée à Fitz-James par le roi Jacques lui-même.

X.

Lewis regarde l’anneau avec respect et une espèce de frayeur. — Nos devoirs, dit-il, nous sont prescrits par ce signe. Pardonnez, madame, si, méconnaissant votre rang sous le voile obscur qui le cache, je me suis rendu coupable par une indiscrétion téméraire. Aussitôt que le pa-