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jeune fille se sont rendus à notre camp et ont demandé une audience au comte de Mar. Le comte m’a donné l’ordre de leur procurer un cheval et de les conduire ici sans délai. Vos railleries sont hors de saison ; personne n’osera les faire rougir ou les offenser.

— L’entendez-vous! s’écria John de Brent, toujours prêt à quereller, — Quoi donc! il tuera le gibier près de la loge du garde forestier, et il lui refusera la part qui lui revient! Je ferai valoirmes droits, Bertram, en dépit de Moray, de Mar et de toi-même.

Il se lève et s’avance avec un air audacieux. Bertram l’arrête. Animé par la vengeance, le vieil Allan met la main sur sa dague, quoique son âge le rende incapable de résister : mais Hélène se jette entre eux avec courage, et laisse tomber le plaid qui la couvre. Tel, dans une matinée d’orage, le soleil de mai se dépouille soudain du nuage qui voilait ses rayons. Cette soldatesque étonnée la contemple comme un ange descendu sur la terre; Brent, lui-même, l’audacieux Brent, confus, s’arrête immobile d’admiration et de honte.

VIII.

Hélène leur parle avec assurance : Ecoutez-moi, dit-elle :

— Mon père fut l’ami des soldats, vécut avec eux sous la tente, les conduisit souvent aux dangers, et versa comme vous son sang pour la gloire ; ce n’est point d’un brave que la fille d’un exilé recevra des affronts.

Brent, toujours le plus ardent dans le bien comme dans le mal, répondit à Hélène :

— Jeune fille, tu me fais rougir de mes torts. Toi, la fille d’un proscrit ! pauvre infortunée ! Moi aussi je fus proscrit par les lois des forêts, et Heedwood en sait la cause ! Ma pauvre Rose !... Si ma Rose vit encore, elle doit avoir le même âge que toi ! — et il essuya une larme qui vint mouiller sa paupière. — Ecoutez-moi, camarades : je vais au château chercher notre capitaine; je pose ma