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rible bataille qui s’était donnée entre le lac Achray et le lac Katrine; ils parlaient avec feu, et mettaient souvent la main sur leurs sabres. Ils se souciaient peu de baisser la voix par égard pour leurs camarades blessés , qui gémissaient non loin du corps-de-garde, et dont les membres sanglans et mutilés portaient les marques de l'épée des montagnards : on distinguait leurs cris et leurs prières, qui venaient se mêler au rire moqueur qu’excitait une raillerie et aux imprécations de la rage.

Enfin John de Brent se lève : il était né sur les bords de la Trente ; incapable de craindre ou de respecter qui que ce fût, hardi braconnier dans sa terre natale, séditieux insolent sous les drapeaux, il était toujours le plus brave de la troupe quand sonnait l’heure du danger. La veille , John de Brent avait vu avec humeur l'interruption des jeux; il imposa silence à tous ses compagnons, et s’écria : — Allons, remplissons de nouveau les verres : je vais vous entonner une chanson joyeuse; que chacun de vous fasse chorus en vrai frère d’armes.

v.
LA CHANSON DU SOLDAT.

Notre vénérable vicaire
A maudit le jus du tonneau
Chaque dimanche dans sa chaire
Il prêche pour les buveurs d’eau :
Quant à moi je suis sur la treille
De l’avis du grand Salomon ,
Qui nous a dit que la bouteille
Met en gaîté mieux qu’un sermon[1].

Notre curé maudit encore
D’une beauté l’air enchanteur,
Quand un doux baiser la colore
Du vermillon de la pudeur;
Il dit que sous sa colerette
Vient se tapir l’esprit malin;

  1. Vinitm bonum tanificat cor hominis.— Ed.