Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/439

Cette page n’a pas encore été corrigée

CHANT SIXIÈME.

Le corps de garde.




I.

Le soleil se lève; et, jetant un regard sévère à travers l'air brumeux de la ville, appelle l'artisan à ses travaux journaliers, triste héritage de l'homme pécheur : il interrompt la danse languissante des amis du plaisir ; il fait fuir le voleur nocturne, dore sur les créneaux la lance de la sentinelle, et avertit le savant studieux qu’il est temps de quitter sa plume pour livrer ses yeux appesantis au sommeil, consolateur de l'homme.

Combien de tableaux divers et combien de scènes de souffrance éclaire ce rayon, qui lutte encore avec les ombres de la nuit ! Le malade salue sa lumière dans l'hospice où il brûle des feux de la fièvre sur une humble couche ; la jeune fille séduite tremble en l'apercevant ; le débiteur se réveille pour penser à la prison dont il se voit menacé ; le malheureux trahi par l’amour lui doit la fin des songes cruels qui ont assiégé son sommeil; la mère vigilante arrange le berceau de son enfant malade, et apaise ses faibles cris.

II.

Au retour de l'aube matinale, les tours de Stirling retentissent de la marche des soldats et du bruit des armes, pendant que les roulemens du tambour annoncent à la sentinelle fatiguée qu’elle va goûter quelque repos. Les rayons du soleil pénètrent dans le corps-de-garde à travers les meurtrières étroites et les grilles des fenêtres; et,