tisme, pour briser tous les liens d’amour qui unissent ma patrie et ma famille ! Non, non ! croyez que ce ne serait point un adoucisement pour ma captivité dans cette sombre tour, de savoir que les lances qui ne doivent être l’effroi que de nos ennemis sont teintes du sang de mes amis ; qu’un inutile combat prive les mères de leurs fils, les femmes de leurs époux, les orphelins de leurs pères, et que les bons citoyens, gémissant de l’outrage fait aux lois, maudissent Douglas comme le prétexte du désordre ! Je vous conjure de prévenir tous ces malheurs par votre patience, et de vous conserver le droit de m’aimer toujours.
La fureur de la foule s'éteint dans les armes, comme l’orage se fond en pluie; ils lèvent les yeux et étendent les mains vers le ciel, appellent ses faveurs sur la tête de l'homme généreux qui, touché du seul intérêt de la patrie, estimait son sang bien moins que celui de l’Ecosse. Les vieillards qui avaient un pied dans la tombe bénissaient celui qui arrêtait la guerre civile, et les mères élevaient leurs enfans dans leurs bras pour leur montrer ce Chef magnanime qui triomphait de sa colère et de ses outrages, et leur conservait un père : les cœurs mêmes des soldats sont émus, ils conduisent Douglas a pas lents, les armes traînantes et la tête baissée, comme s’ils accompagnaient le cercueil d’un compagnon chéri ; ce fut en soupirant qu'ils remirent à la garde du château leur noble prisonnier.
Le monarque offensé s’éloignait le cœur gros d’amers souvenirs, et il se garda bien de faire repasser son cortège dans les rues de Stirling.
— Lennox, dit-il, qui peut désirer de gouverner ce peuple imbécile ? Entends-tu ces acclamations auxquelles se mêle le nom de Douglas ? C’est ainsi que cette foule inconstante célébrait ce matin le roi Jacques : j’en reçus