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Plein d’indignation, il se range parmi les métayers, qui mettent a nu leurs bras nerveux pour lancer en l'air une barre de fer massif. Après que chacun eut signalé sa force, Douglas arrache une pierre fixée à la terre, et l’envoie à plus d’une perche au-delà du but le plus éloigné.

Les vieillards, qui se rappellent le passé, montrent encore aux étrangers, dans le parc royal de Stirling, la preuve de la force de Douglas, et moralisent sur la dégénération de notre âge.

XXIV.

Le vallon retentit d’applaudissemens, que renvoie l’écho de la Roche des Dames. Le roi, toujours impassible, donne à Douglas une bourse remplie de pièces d’or. Le fier Douglas sourit d’indignation, et jette l'or à la foule, qui commence à regarder ce vieillard avec une admiration curieuse. Bientôt on se dit à l’oreille que ce cœur si généreux, ce bras si robuste, ne peuvent appartenir qu’à Douglas. Les vieillards remarquent ses cheveux, qui commencent à blanchir, secouent la tète, et racontent à leurs fils les exploits qui avaient rendu Douglas fameux avant qu’il fut exilé de sa terre natale ; les femmes vantent sa taille majestueuse, malgré les traces de maint hiver; la jeunesse, étonnée, contemple avec respect celui dont la force semble surnaturelle. Tels étaient les sentimens de la foule, dont les murmures se changèrent peu à peu. en bruyantes clameurs. Mais aucun des nobles barons qui formaient un cercle autour du roi ne témoigna par un regard qu’il prit intérêt à l’illustre banni, ou qu’il en eût gardé le moindre souvenir ; aucun même de ceux qui jadis regardaient comme un honneur de marcher à la chasse à son côté, qui allaient manger à sa table, et trouvaient dans les combats leur salut derrière son bouclier.

Quel est le mortel qui se voit reconnu des courtisans quand le monarque le désavoue ?

XXV.

Jacques s’aperçut que les jeux languissaient ; il fit partir