gnard, qui figurerait très-bien, il me semble, dans la suite d’un noble baron ?
— Non, non, mon cher Devaux ! La crainte et la jalousie ne peuvent-elles te rendre plus clairvoyant ? Avant qu’il eût atteint le bas de la montagne, j’avais déjà reconnu de loin sa démarche et son aspect imposant ; il n’est point en Ecosse de guerrier d’une pareille taille. Par saint Serle ? c’est Jacques de Douglas, l’oncle du comte exilé. Hâtons-nous d’arriver à la cour pour y annoncer l'approche d’un ennemi redouté. Le roi doit se tenir sur ses gardes ; il est bon qu’il ne rencontre pas Douglas sans être prévenu.
Ils dirigèrent leurs coursiers sur la droite, et arrivèrent à la poterne du château.
Douglas, qui venait de l’antique abbaye de Cambus-Kennets, s'entretenait tristement avec lui-même en suivant le sentier de la montagne.
Oui : mes pressentimens et mes craintes ne m’ont point trompé ; le noble Graham est dans les fers, et le farouche Roderic sentira bientôt le glaive vengeur du roi d’Ecosse ! Moi seul je puis prévenir leur destin...... Dieu fasse que leur rançon n’arrive pas trop tard !.....
L abbesse m’a promis que ma fille serait l’épouse du Christ ! Que le ciel me pardonne une larme de regret ! qui connaît mieux que son père combien Hélène a de vertu ! Mais oublions un bonheur qui a fui, il ne me reste plus qu’à mourir ! — O vous, tours antiques dont les remparts virent un Douglas périr de la main de son roi ; et toi, éminence fatale[1] qui entendis si souvent retentir la hache homicide, lorsque la main sanglante du bourreau immolait les plus nobles chevaliers de l’Ecosse, préparez vos prisons, l’écbafaud, et une tombe ignorée ! Douglas vient se livrer lui-même... Mais, écoutons ; quelle fête
- ↑ Eminence située au nord-est du château, où l’on exécutait les prisonniers d’Etat. — Ed.