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dont la vertu fut éprouvée dans le péril, est toujours à côté de moi, suspendu à mon baudrier. Je l’avoue, ajouta-t-il, je ne prévoyais pas que je dusse en faire usage quand je me suis égaré dans ces lieux , il y a trois jours, en chassant le cerf ; tout me parut aussi calme que le brouillard qui dort sur cette colline. Ton redoutable Chef était loin, et ne devait pas de si tôt revenir de son expédition : tel fut du moins le rapport du montagnard qui me servit de guide, et sans doute le lâche me trompait.

— Mais pourquoi te risquer une seconde fois dans nos montagnes ?

— Tu es un guerrier, et tu demandes pourquoi ! Notre volonté indépendante est-elle soumise à ces lois machinales qui régissent le vulgaire ? Je cherchais à charmer l’ennui d’un temps de paix ; la plus légère cause suffit alors pour entraîner bien loin les pas libres d’un chevalier ; un faucon qui a pris la fuite, un limier qu’il a perdu, le doux regard d’une fille des montagnes, ou, si un passage est cité comme dangereux, le danger seul n’est-il pas un appât suffisant ?

V.

— Je ne te presserai pas davantage sur tes secrets ; cependant je dois te demander si, avant de revenir parmi nous, tu n’avais pas entendu parler des soldats que le comte de Mar levait contre le clan d’Alpine.

— Non, sur mon honneur !... Je savais seulement que des troupes avaient pris les armes pour protéger la chasse du roi Jacques ; mais je ne doute pas que dès qu’elles apprendront les projets hostiles des montagnards, elles ne déploient aussitôt leurs bannières, qui sans cette agression seraient restées paisiblement suspendues à Doune.

— Hé bien ! qu’on les déploie en liberté ! nous aurions regret si leurs tissus de soie étaient rongés des vers. Qu’on les déploie ! on verra flotter fièrement le pin qui orne la noble bannière d’Alpine !

Mais, dis-moi, puisque tu n’es parvenu dans ces mon-