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sentiers inconnus, semés de précipices et embarrassés de ronces, jusqu’à ce qu’au détour d’un vaste rocher il se trouva vis-à-vis d’un feu de garde.

XXX.

Auprès de la flamme rouge des tisons se réchauffait un montagnard entouré de son plaid, il se leva tout à coup, l'épée à la main, en s’écriant :

— Saxon , quel est ton nom et ton dessein ? Arrête !

— Je suis un étranger.

— Que demandes-tu ?

— Quelques heures de sommeil et un guide, du feu et du pain : ma vie est en péril; j’ai perdu ma route; la bise a glacé tout mon corps.

— Es-tu ami de Roderic ?

— Non.

— Oserais-tu te déclarer son ennemi ?

—Je l’ose... Oui, je suis l’ennemi de Roderic et de tous les meurtriers qu’il appelle au secours de son perfide bras !

— Tu parles avec arrogance !... Mais, quoique les bêtes fauves obtiennent un privilège de chasse, quoique nous donnions au cerf un espace réglé par des lois, avant de lancer nos meutes ou de bander notre arc, qui trouva jamais à redire à la manière dont le perfide renard est attiré dans le piège ? C’est ainsi que de traîtres espions... Mais sans doute qu’ils en ont menti ceux qui prétendent que tu es un espion secret ?

— Ils en ont menti, je le jure. Que je puisse me reposer jusqu’à demain matin ; que Roderic se présente alors avec les deux plus braves guerriers de son clan : je graverai mon démenti sur leurs cimiers.

— Si la clarté du feu ne me trompe, tu portes le baudrier et les éperons de la chevalerie ?

— Que ces mêmes insignes t’annoncent toujours l'ennemi mortel de tout oppresseur orgueilleux !

— C’est assez ; assieds-toi, et partage la couche et le repas d’un soldat.