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ils apprendront que le cerf aux abois est encore un ennemi dangereux.

Le chemin qu’il connaît lui est fermé par les montagnards qui le gardent ; il faut que Fitz-James erre à travers les rochers et les taillis ; les torrens et les précipices qu’il trouve sur son passage le forcent souvent de revenir sur ses pas et de changer de sentier.

A la fin, découragé, harassé de fatigue, épuisé par le besoin, il s’étendit sous les vieux arbres d’un bocage, et se crut au terme de ses périls et de ses travaux.

— De toutes mes imprudentes aventures, cet exploit sera la dernière : ai-je pu être assez insensé pour ne pas prévoir que cette ruche de frelons montagnards réunirait tous ses essaims aussitôt qu’elle saurait que les troupes du roi étaient rassemblées à Doune ?… Tous les vassaux de Roderic me poursuivent comme des limiers... Ecoutons leurs cris et le signal de leurs sifflets... Si je m’avance plus loin dans ces déserts, je me livre moi-même à mes ennemis : restons couché ici jusqu’au crépuscule ; alors je poursuivrai ma route dans les ténèbres.

XXIX.

Les ombres du soir s’abaissent lentement sur les bois dont elles enveloppent le feuillage d’une teinte plus sombre ; le hibou s’éveille ; le renard glapit dans la forêt; la pâle lueur du crépuscule suffit pour guider les pas errans de Fitz-James, sans trahir de loin sa marche aux yeux vigilans de ses ennemis.

Il s’éloigne avec prudence, et, prêtant une oreille attentive, gravit les rochers, et se glisse dans les broussailles. L’impression glacée de l’air de la nuit n’était point tempérée dans ces montagnes par le solstice d’été ; chaque souffle de la bise engourdissait les membres humides du chevalier.

Seul, courant à chaque pas un danger nouveau, mourant de faim et de froid, il marcha long-temps dans des