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ver qu’il était trahi. Ce n’est point un cerf qui découvre un piège ; c’est un lion qui aperçoit le chasseur.

Le chevalier tire son glaive du fourreau.

— Confesse-moi ta perfidie, ou meurs ! crie-t-il à son guide.

Le montagnard fuit avec vitesse ; mais, en fuyant, il bande son arc : la flèche vole, rase seulement le cimier de Fitz-James, et va percer le cœur flétri de Blanche.

Murdoch, il s’agit de prouver ton agilité ; jamais fils d’Alpine n’en eut un tel besoin. La rage dans le cœur, rapide comme le vent, le chevalier vengeur est sur tes pas !... Hâte-toi ; il y va de la mort ou de la vie ! Etendus dans la bruyère, tes compagnons, en embuscade, ne sont pas loin : si tu peux les atteindre, tu es sauvé... Mais non, tu ne dois plus les revoir ; le terrible Saxon te serre de près ; le coup mortel te frappe sans résistance, comme la foudre qui renverse le pin sur la poussière !

Fitz-James eut besoin des efforts réunis de ses pieds et de ses mains pour retirer son épée de la blessure qu’elle avait faite. Penché sur sa victime comme l’aigle sur sa proie, il sourit avec une joie farouche en la voyant expirer ; il retourne ensuite au lieu où la pauvre Blanche était baignée dans son sang.

XXVII.

Elle était assise sous un bouleau, le coude appuyé sur ses genoux ; elle avait arraché la flèche fatale, et la contemplait avec un faible sourire. À ses pieds étaient sa guirlande de genêt et ses plumes noires, souillées par le sang de sa blessure. Le chevalier voulut l’étancher.

— Etranger, dit-elle, tu prends un soin superflu ; l’heure de ma mort m’a fait retrouver ma raison égarée depuis si long-temps; à mesure que ma vie s’éteint, mes visions fantastiques s’évanouissent. Je meurs abreuvée d’outrages et de malheurs ; mais quelque chose dans tes regards me dit que tu es né pour me venger... Vois-tu cette tresse ?... J’ai toujours conservé cette tresse de cheveux blonds dans