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— Oh ! que tu connais peu, dit Hélène, le cœur de Roderic ! il est plus sûr pour nous de nous éloigner séparément ! Hâte-toi de rejoindre Allan, et qu’il t’apprenne si ton guide n’est pas un traître.

Fitz-James porta la main à son front pour cacher le trouble de son ame ; il fit deux pas pour partir, et puis, comme si une pensée nouvelle avait éclairé son esprit, il s’arrête, se retourne, et s’approche d’Hélène.

XIX.

— Un mot encore, lui dit-il, et je te dis adieu ; daigne accepter un gage d’amitié... La fortune a voulu que ce glaive ait sauvé dans un combat la vie du roi d’Ecosse. Le monarque reconnaissant me remit cette bague, en me disant de la rapporter quand bon me semblerait, pour réclamer hardiment la récompense que je voudrais exiger. Hélène, je ne suis point un chevalier courtisan, mais un de ces guerriers qui vivent de la lance et de l’épée, qui n’ont que leur casque et leur bouclier pour tout château, et le champ de bataille pour domaine. Que puis-je demander à un prince, moi qui ne me soucie ni des richesses ni des titres pompeux ? Hélène, prête-moi ta main ; accepte cette bague : tous les gardes et les officiers du prince la connaissent. Va trouver le roi sans plus tarder ; ce signe te fera sûrement parvenir jusqu’à lui. Expose-lui la faveur que tu désires ; quelle qu’elle soit, il te l’accordera pour racheter le gage que j’ai reçu de lui.

Fitz-James mit cet anneau au doigt d’Hélène, s’arrêta, déposa un baiser sur sa main , et partit.

Le vieux ménestrel resta immobile de surprise en le voyant s’éloigner avec tant de promptitude.

Le chevalier retrouva son guide, il descendit avec lui le revers escarpé de la montagne, et traversa le ruisseau qui réunit les lacs de Katrinc et d’Achray.

XX.

Tout était silencieux dans l’étroite vallée des Trosachs ;