Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/402

Cette page n’a pas encore été corrigée

quand la grive et le merle font entendre leur ramage, quand 1'agile chevreuil fuit comme un trait pour échapper aux limiers ; quand le cor des chasseurs retentit au loin sous le feuillage ?

— O Alix ! j'ai abandonné pour toi ma terre natale; nous sommes forcés d’habiter les coteaux et les bois , comme font les proscrits !

O Alix ! si dans la nuit fatale de notre fuite j’ai tué ton vaillant frère , ce fut pour l’amour de ta brillante chevelure et de tes yeux bleus.

Il faut maintenant que cette main, habituée à saisir le glaive, abatte le hêtre des bois, compose notre humble couche de son feuillage, et forme de ses branches une barrière pour la grotte qui nous sert d’asile !

Il faut que ta douce main , qui ne touchait que les cordes de la harpe, dépouille la bête fauve pour faire un manteau qui nous défende du froid ?

— O Richard ! si mon frère a péri, je ne puis en accuser qu'une destinée fatale. Le combat eut lieu pendant les ténèbres ; le hasard seul dirigea contre son sein le fer de ta lance.

Si je ne puis plus me parer d’une riche robe , ni toi d’un manteau d'écarlate, nous préférerons la couleur fauve et le vert des forets, dont le doux éclat flatte davantage la vue.

Cher Richard ! si notre sort est cruel, si tu as perdu ta terre natale, ah! du moins Alix conserve son Richard, et Richard son Alix !

XIII.
SUITE DE LA BALLADE.

— Qu'il est doux, qu'il est doux d’habiter sous l’ombrage des bois ! chantait gaiement la jeune Alix. La hache du lord Richard résonne sur les rameaux du hêtre et du chêne antique. —

Le roi des Esprits éleva la voix dans la grotte de la col-