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V.
NORMAN.

— Ce taureau a été immolé ; sa dépouille sanglante est étendue près de la cascade dont les flots tumultueux se précipitent avec fracas sur ce noir rocher, fameux dans nos traditions, et que sa vaste circonférence a fait surnommer le bouclier du héros. Couché sur un écueil de la rive, près du lieu où le torrent mugit et tombe, le magicien Brian sommeille au milieu du bruit continuel de son murmure ; et, pénétré de l'humide vapeur qui s’élève à l'entour, c’est là qu’il attend un songe prophétique..... Non loin de la cascade repose aussi notre Chef ! Mais silence ! je vois l’ermite se glisser à pas lents à travers le brouillard et les buissons : il a gravi ce roc élevé ; il s’arrête pour contempler nos soldats endormis... Dis-moi, Malise, ne semble-t-il pas un fantôme qui plane sur un camp égorgé, ou bien un corbeau qui, du haut d’un chêne frappé de la foudre, observe des chasseurs se partageant un daim, et demande, avec un croassement sinistre, sa part de la curée.

— N’en dis pas davantage, interrompit Malise ; pour tout autre que pour moi, tes paroles seraient d’un mauvais augure ; mais l’épée de Roderic, voila, selon moi, l’oracle et la défense du clan d’Alpine, plutôt qu’aucun de ces présages du ciel et de l’enfer, que ce moine, enfant des spectres, pourrait nous révéler...

— Mais le Chef est venu le rejoindre : regarde ; ils des cendent ensemble du rocher.

VII.

Ce fut le long du sentier que l'ermite fit au chef du clan d’Alpine ces solennelles révélations ;

— Roderic, c’est une épreuve terrible pour un homme doué d’une vie mortelle, dont les organes sensibles peuvent frissonner du froid convulsif de la fièvre, dont les yeux peuvent rester immobiles d’horreur, et les cheveux