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gronderont bientôt sur nos vallées. Accoutumé aux orages, le guerrier trouve contre eux un rempart suffisant dans son manteau : mais toi, Norman, quel abri prépareras-tu a ton aimable fiancée ?

— Quoi donc, Malise ! tu ignores que le prévoyant Roderic a voulu que toutes les femmes du clan se réfugiassent dans l'ile solitaire du lac Katrine, avec les enſans et les vieillards inhabiles à porter les armes. Aucun esquif, aucune chaloupe ne voguera sur les lacs ; mais tous les navires seront amenés au rivage de l'ile pour assurer la sécurité des gages de notre amour.

IV.

— Heureuse prévoyance ! notre Chef se montre le père de son clan.

Mais pourquoi donc Roderic a-t-il choisi pour se reposer un lieu si éloigné de ses compagnons fidèles ? — La nuit dernière, Brian a interrogé un de ces terribles oracles dont on ne doit chercher les mystères que dans les extrêmes périls, c’est le Taghairm [1] qui découvrait à nos pères les événemens heureux ou malheureux de la guerre. Le taureau blanc de Duncraggan a été immolé...

MALISE.

— Je me souviens de ce noble animal ; c’était le plus beau de tous ceux que nous enlevâmes dans l'expédition de Gallangad ; son poil avait la blancheur de la neige, et ses cornes étaient noires et polies comme l'ébène ; son œil étincelait comme la flamme ; il était si farouche et si indomptable qu’il retardait notre retraite, et qu’il fit trembler nos plus hardis montagnards au défilé de Beal'maha. Mais ce sentier était hérissé de cailloux aigus, et nos gens le harcelèrent si souvent du fer de leurs lances , que lorsque nous fûmes arrivés au passage de Dennan, un enfant aurait pu le frapper sans en recevoir une égratignure.

  1. Voyez la note sur cette superstition écossaise