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leurs tartans ; leurs boucliers étincellent, ils forment auprès du bateau un groupe guerrier en harmonie avec un tel rivage.

XXVIII.

Le Chef ne peut s’arracher de ces lieux si voisins de l’antre obscur où Douglas s’est retiré ; il est dans le sentier qui y conduit. Le même jour, au lever de l’aurore, Roderic avait juré avec orgueil d’oublier son amour dans le tumulte des combats , et de renoncer à Hélène ; mais l’homme qui voudrait arrêter un fleuve avec une digue de sable, ou enchaîner un incendie avec des liens, entreprendrait une tâche plus facile que s’il jurait de dompter l’amour.

Le soir trouve Roderic errant autour du trésor qu’il a perdu, comme une ombre privée du repos de la tombe : son cœur trop fier se refuse la douceur de voir une dernière fois celle qu’il aime ; mais il cherche encore avec une tendre inquiétude à saisir les accens de sa voix, et maudit dans sa pensée la brise qui, jalouse de son bonheur, agite les arbres de la grotte. Mais silence!... Quels accords se mêlent au bruissement du feuillage ? C’est la harpe d’Allan-Bane qui prélude avec un murmure solennel, et accompagne un hymne religieux. Quelle est cette douce voix qui se marie à l’instrument harmonieux ? c’est la voix d’Hélène ou celle d’un ange.

XXIX.
HYMNE A LA VIERGE.

Ave, Maria !

Reine du ciel, salut ! Vierge propice,
J’élève à toi la voix de ma douleur !
Des affligés divine protectrice,
Tu sais charmer les maux cuisans du cœur :
C’est vainement qu’on proscrit l’innocence ;
Elle te doit sa douce confiance.

Vierge angélique, écoute-moi ;
D’une vierge timide exauce la prière.