Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/391

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Aucun bruit ne troublait le silence solennel de ces lieux, excepté le murmure timide d’une source solitaire ; mais, quand les vents bouleversaient les ondes du lac, un tumulte sinistre qui s’élevait tout à coup annonçait l'éternelle lutte des vagues contre leurs digues ; des rochers suspendus sur la caverne, semblaient la menacer sans cesse de leur chute. C’était un repaire pour les loups ou. pour la famille du chat-pard. Telle fut cependant la retraite où Douglas et sa fille vinrent chercher un refuge.

La superstition, avec l’accent de l’effroi, arrêtait tous ceux qui auraient osé y porter leurs pas ; car, disait-elle, c’était le rendez-vous des fées et des urisks[1] de la montagne, qui venaient y célébrer leurs danses mystérieuses au clair de la lune, et qui auraient frappé de mort l'indiscret qui les eût épiés et surpris,

XXVII.

Les ombres plus épaisses du soir flottaient sur les ondes majestueuses du loch Katrine lorsque Roderic, accompagné de quelques-uns des siens, repassa les hauteurs de Ben-Venu. Il se dirige du côté de la caverne des Esprits, à travers les arides sentiers de Bealanam-Bo : ses zélés vassaux le devancent pour mettre la nacelle à flot, car le Chef avait le projet de traverser le lac pour visiter les défilés d’Achray et y poster ses soldats. Roderic semble s’éloigner à regret ; il est rêveur et reste en arrière de sa suite un seul page, contre sa coutume, chargé de porter son épée, marche à coté de son seigneur ; le reste de ses compagnons a franchi les taillis, et l’attend sur les bords du loch Katrine. C’était un beau spectacle de les voir d’une hauteur voisine, aux dernières clartés du soleil couchant ! Chacun de ces guerriers, choisis parmi l'élite du clan, était remarquable par sa force et sa stature ; on les reconnaissait tous de loin à leur démarche fière, à leur air martial. La brise du soir fait onduler leurs panaches et flotter

  1. Lutin des montagnes d'Ecosse, — En.