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s’il entendait les pas d’un étranger. Ce n’est point la marche ralentie d’un ami qui vient pleurer sur le guerrier qui n’est plus, mais l’approche précipitée de la terreur. Chacun attend d’un air effaré : l'écuyer de Roderic entre dans la salle, et, s’arrêtant près du cercueil sans faire attention à la pompe funèbre qui s’offre à ses regards, il élève la croix rougie dans le sang, et s’écrie :

— Le rendez-vous est à la prairie de Lanrick ; qu'on se hâte de faire parcourir tous les domaines du clan à ce symbole redouté.

XVIII.

Angus, l’héritier de Duncan, s’élance et saisit la croix fatale. Le jeune homme s’empressa d’attacher a son côté la dague et la claymore de son père ; mais quand il aperçut sa mère qui l’observait avec une douleur muette, il se précipita dans ses bras, et déposa sur ses lèvres le baiser de ses adieux.

— Hélas ! dit-elle avec un sanglot, tu m’abandonnes !

— Mais non ; pars, montre-toi le fils de Duncan.

Angus jeta un dernier regard sur le cercueil, essuya une larme, poussa un profond soupir comme pour reprendre haleine, et agita avec un geste de fierté le panache de sa toque : alors, tel qu’un jeune coursier de noble race qui obtient pour la première fois la liberté d’essayer son ardeur et sa vitesse, il s’échappe, et vole à travers la bruyère, armé de la croix de feu.

Sa triste mère retint ses larmes jusqu’à ce qu'elle eût cessé d’entendre le bruit lointain de ses pas ; et, voyant les yeux de l'écuyer laisser tomber les larmes d'une sympathie que son cœur ne connaissait guère, elle lui dit :

— Cousin, il a terminé sa carrière celui qui aurait du porter ton message !… Le chêne est tombé..... un seul de ses rejetons est aujourd’hui le dernier appui de Duncraggan ; mais j’espère que le Dieu de l’orphelin protégera mon fils.

— Et vous, braves vassaux qui, fidèles dans le danger.