mait le lieu du rendez-vous, et, s’éloignant avec la vitesse du vent, laissait derrière lui la surprise et les clameurs. Le pêcheur quittait le sable du rivage ; le noir forgeron s’armait de l’épée ; l’heureux moissonneur abandonnait sa faucille ; dans les guérets le soc de la charrue restait oisif au milieu du sillon ; les troupeaux erraient sans gardien ; le chasseur cessait de poursuivre le cerf aux abois, et le fauconnier rendait la liberté à son faucon. Docile au signal d’alarme, chaque vassal du fils d'Alpine se préparait aux combats ; le tumulte et l’épouvante parcouraient le rivage d’Achray.
Lac délicieux ! hélas ! l'écho de tes rives n’était pas fait pour répéter des sons de terreur ! L’image des rochers et des bois se réfléchit avec un calme si pur dans ton paisible cristal !... Les gracieux accords de l’alouette elle-même du haut de son nuage ont quelque chose de trop bruyant, peut-être, pour la douce mélancolie de tes sites.
Vole, Malise, vole ! — Le lac est déjà derrière lui : les cabanes de Duncraggan se montrent enfin, et semblent des rochers tapissés de mousse, à demi aperçus et à demi cachés dans la verdure des taillis ! c’est là que tu vas pouvoir goûter le repos et laisser au Chef de ces domaines le soin de faire circuler le signal des dangers. Tel qu’un épervier qui fond sur sa proie, l’écuyer de Roderic s’élance dans le vallon ; il approche : quels lamentables accens frappent son oreille ! Ce sont les chants plaintifs des funérailles, les gémissemens des femmes ! Un brave chasseur ne sera plus la terreur des forêts ! un guerrier valeureux ne cueillera plus les palmes de la gloire ! Qui pourra le remplacer auprès de Roderic dans le noble exercice de la chasse et dans la mêlée des batailles ? Le château est tendu de noir, les rayons du jour en sont bannis, et remplacés par la lueur des torches lugubres ; Duncan est déposé dans le cercueil que sa veuve mouille de ses larmes : son fils aîné se tient tristement auprès d’elle ; le plus jeune