Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/381

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fance, qui cherchait aussi à maudire la trahison ; elles disaient :

— Que la maison du lâche s’écroule, et soit consumée par les flammes ! Maudite soit la plus humble chaumière qui servira d’abri à la tête proscrite que nous vouons à l'infamie et au désespoir !

— L’écho gémit, ô Coir-Uriskin ! dans ta caverne habitée par des fantômes ! Un cri lugubre fut entendu dans ce sombre ravin où les bouleaux balancent leur feuillage sur Beala-nam-Bo !

XI.

Le prêtre observe de nouveau un silence profond ; son souffle a peine à s’échapper de sa poitrine oppressée ; ses dents se heurtent ; sa main se ferme avec un mouvement convulsif, et ses yeux étincellent. Il médite une malédiction plus terrible encore contre celui qui désobéirait au signal qui l’appelle au secours de son Chef ; il éteint dans le sang les branches enflammées de la croix ; il élève une dernière fois ce signal, et sa voix sépulcrale prononce ces paroles :

— Quand cette croix parcourra de main en main les domaines du fils d'Alpine, pour appeler ses vassaux aux armes, que l’oreille qui feindra de ne pas entendre soit frappée de surdité ! que le pied qui refusera d’accourir demeure à jamais immobile ! que les corbeaux déchirent les yeux indifférens ! que les loups dévorent le coeur du lâche ! comme ce sang immonde rougit la terre , que son sang abreuve ses foyers ! que le flambeau de sa vie s’éteigne comme cette flamme ! que lui seul il implore en vain la grâce dont ce symbole est le gage pour tous les hommes.

Il a dit. Aucun écho ne répéta le murmure approbateur qui répondit à cette imprécation.

XII.

Alors l’impatient Roderic prit le symbole de la main de Brian :

—Pars, Malise , pars ! dit-il en remettant la croix à son