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dans quelque vallon ou ravin solitaire, il implorait la pitié du ciel et se signait avec un sentiment de terreur qui ressemblait à la dévotion.

V.

D’étranges bruits couraient sur la naissance de Brian.

— Sa mère veillait pendant la nuit près d’une bergerie construite dans une vallée affreuse, où étaient entassés çà et là des ossemens, restes oubliés d’une ancienne bataille et blanchis par la pluie et le souffle des vents. Le cœur d’un guerrier lui-même eût frémi à la vue de ce monument de la guerre. Ici les racines du gazon enchaînaient une main qui, jadis armée du glaive , forçait les rangs d’un bataillon bardé de fer ; le mulot, hôte faible et craintif, avait placé son gîte sous ces os dont l’ample circonférence protégeait naguère comme un bouclier un cœur qui ignorait la crainte. Là ce reptile qui déroule si lentement ses anneaux avait laissé son écume visqueuse sur de fragiles ossemens qui défiaient les années ; plus loin on voyait aussi le crâne d’un ancien Chef encore couronné d’une verte guirlande, car le liseron s’était plu à remplacer le cimier et le panache par ses campanules purpurines.

C’était dans ce sombre lieu que la mère de Brian avait passé une nuit, enveloppée dans les plis de sa mante : elle assura qu’aucun berger ne s’était approché d’elle, que la main d’aucun chasseur n’avait dénoué son snood ; et pourtant depuis lors Alix ne porta plus le ruban des jeunes vierges pour fixer les tresses de sa chevelure ; sa pudique gaieté s’était évanouie ; sa ceinture virginale devînt trop étroite ; elle évita depuis cette funeste nuit les temples et les solennités religieuses ; renfermant son secret dans son ame, elle l’emporta avec elle dans la tombe, et mourut en devenant mère.

VI.

Dès sa plus tendre enfance, Brian vécut solitaire au milieu de ses jeunes compagnons , toujours rêveur et cha-