Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/375

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effacée de ìa vie. Dépouillés de leurs forces, et semblables aux débris d’un naufrage, quelques vieillards encore attendent sur les bords de la sombre mer de l'éternité que le reflux de ses vagues les entraîne loin de notre vue. Le Temps ne s’arrête jamais dans son vol rapide.

Cependant il en est qui vivent encore et se rappellent cette époque où le son du cor d’un Chef des montagnes était un signal reconnu dans les campagnes et les forêts, sur les rochers arides, au fond des valLons et au milieu des bruyères du désert. Les clans fidèles venaient en foule se ranger autour de lui ; chaque famille déployait sa bannière, la cornemuse guerrière appelait aux armes, et la croix de feu circulait au loin comme un météore.

II.

Les doux reflets de l’aube matinale colorent de pourpre l'azur du loch Katrine ; la brise amoureuse de l’ouest caresse de ses ailes le sein paisible de l'onde, et glisse légèrement à travers le feuillage de la rive ; un doux frémissement agite à peine le lac, tel qu’une vierge qui dissimule en tremblant le plaisir qui l’émeut ; les ombres des monts n’étendent plus sur son cristal limpide qu’un voile, douteux dont les mobiles et brillans réseaux ressemblent aux vagues espérances et aux désirs de l'imagination ; le nénuphar ouvre le calice argenté de ses fleurs ; la biche se réveille et conduit son faon dans la plaine étincelante des perles de la rosée ; les vapeurs diaphanes abandonnent les flancs des montagnes ; le torrent précipite ses flots écumeux ; invisible dans son essor, l’alouette réjouit les airs de ses chants ; le merle et la grive tachetée saluent l’aurore dans les buissons touffus, et le ramier leur répond en roucoulant ses airs de mélancolie et d'amour.

III.

Nulle pensée de repos et de paix ne peut dissiper l’orage qui gronde dans le sein de Roderic ; arme de sa claymore, il parcourt d’un pas précipité le rivage de l’île ; il regarde