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XXXIV.

Soudain Roderic quitte Douglas... Comme on voit la flamme s’élancer à travers de noires vapeurs et changer leurs tourbillons en une vaste mer de feu, de même la jalousie de Roderic éclata tout à coup, et dissipa le sombre abattement de son désespoir.

Sa terrible main saisit l’agrafe qui fixait le plaid de Malcolm sur son sein.

— Arrête ! s’écria-t-il d’une voix menaçante ; arrête, jeune homme : ne te souvient-il donc plus de la leçon que tu reçus de moi ? Rends grâces à ce toit hospitalier, à Douglas et à sa fille, si je retarde encore ma vengeance.

Grœme s’élance sur Roderic avec la promptitude du lévrier qui atteint sa proie. —Je le jure par mon nom, dit-il, ce Chef barbare ne devra la vie qu'à son glaive.

Leurs mains cherchent à saisir la dague ou l’épée ; un combat à mort allait terminer cette scène de fureur ; mais Douglas, dont la force et la stature étaient celles d'un géant, se jeta entre les deux rivaux : —Arrêtez ! dit-il ; le premier qui frappe se déclare mon ennemi ! Insensés ! ne rougissez-vous pas de cette violence frénétique ? Quoi donc ! Douglas est-il tombé si bas, que sa fille soit le prix d’un combat aussi déshonorant ?

Confus l’un et l’autre, ils lâchent prise, mais à regret, se regardant d’un air farouche, le pied en avant et l’épée à demi tirée du fourreau.

XXXV.

Avant que le fer eut brillé, lady Marguerite avait saisi le manteau de Roderic, et Malcolm avait entendu la voix d’Hélène semblable au cri plaintif d’un songe funeste.

Enfin Roderic laisse retomber son épée dans le fourreau, et déguise sa rage par des mots pleins d’ironie.

— Que Malcolm demeure ici jusqu’au matin ; ce serait être inhumain que d’exposer son teint délicat à l’air froid de la nuit : il pourra demain aller dire à Jacques Stuart que Roderic saura défendre ce lac et ces montagnes, mais