Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/370

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son d alarmes, les gardes de Stirling tressailleront ; et quand j’allumerai le flambeau nuptial, l’incendie de mille villages troublera de ses sinistres lueurs le sommeil du roi Jacques. Mais non : Hélène, vous avez tort de pâlir, et vous, ma mère, d’exprimer ainsi votre effroi. Dans mon ardeur belliqueuse, j'en ai dit plus que je ne pensais… quel besoin aurons-nous de faire des excursions dans les plaines, ou de livrer des batailles, quand le sage Douglas pourra réunir par un lien d’amitié tous les clans de nos montagnes pour garder nos passages et forcer le roi, déçu dans son espoir de conquête, à retourner avec bonté à Edimbourg.

XXXI.

Il est des hommes qui, a l’heure du sommeil, ont gravi le sommet d'une tour suspendue sur l’Océan ; là, bercés par le murmure monotone des vagues mugissantes, ils achèvent tranquillement leur rêve dangereux. Mais quand le retour du jour les réveille, quand un de ces hommes endormis ouvre enfin ses yeux frappés des premiers rayons de l'aurore, et les plonge dans l’abîme sans fond ouvert sous ses pas, quand il entend l’éternel murmure des flots, et que le rempart étroit sur lequel il repose lui semble si peu solide qu'il le voit se balancer comme le fragile tissu de l’araignée qu’agite le vent, ne sent-il pas dans le délire de ses sens le désir désespéré de se précipiter dans Fonde, et d’aller au-devant de la mort dont sa peur le menace ? telle Hélène, troublée par l’abîme qui s'ouvre tout à coup autour d’elle, égarée par ses craintes, dont son père est surtout l’objet, Hélène résiste à peine à la pensée désespérée de sauver Douglas par le sacrifice de sa main.

XXXII.

Malcolm devine dans le regard effaré d’Hélène et dans le mouvement convulsif de ses lèvres cette incertitude fatale ; il se lève pour prendre la parole, mais, avant qu’il eût encore pu rien dire, Douglas avait remarqué la lutte