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de l'aurore inspire un vieux ménestrel. Allan-Bane, aux cheveux blancs, on entendit sur le lac tes vers harmonieux, Iftítrics aux accords de ta harpe :

II.
CHANT DU BARDE.

L’écume jaillit, étincelle,
Et disparaît sous l’aviron ;
En vain l’œil cherche le sillon
Que creusait l’agile nacelle :
Tel est, dans le cœur des heureux,
D’un bienfait la trace éphémère.
Adieu donc, étranger ; tu vas, loin de ces lieux,
Perdre le souvenir de l’île solitaire.

Que les honneurs et les richesses
Te cherchent à la cour des rois ;
Que chacun vante les prouesses
A la guerre et dans les tournois ;
Qu’un ami digne de ton cœur,
Qu’une belle tendre et sincère
Aux dons de la fortune ajoutent le bonheur
Loin des bords oubliés de l’île solitaire.

III.

Mais si, banni de sa patrie,
Sous le plaid de nos montagnards,
Un fils de la Calédonie
Venait s’offrir à tes regards,
Qu’il trouve en toi le cœur d’un frère,
Et que ta main sèche ses pleurs ;
Daigne te souvenir, pour calmer ses douleurs,
De l’hospitalité de l’île solitaire.

Un jour, toi-même, ton étoile
Viendra peut-être à te trahir,
Tu verras l’inconstant Zéphir
Aux aquilons livrer ta voile :
Alors fuiront tous les flatteurs ;
Mais sur une rive étrangère
Si l’exil te condamne à porter tes malheurs,
L’amitié t’attendra dans l’île solitaire.