Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/352

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présenter à son imagination ; il se rappelle les pièges tendus à sa confiance et à sa franchise ; il échange de nouveau son cœur avec des amis qui l'ont trompé depuis longtemps : il les reconnaît tous les uns après les autres ; les indifférens, les traîtres, et ceux qui ne sont plus ; leurs mains serrent les siennes, leurs fronts respirent la gaieté comme s’ils n’avaient jamais été désunis. A cet aspect un doute affreux le désespère…... Est-il abusé par ses sens ? leur mort ou leur perfidie fut-elle un rêve ? est-ce l'illusion ou la réalité qui le poursuit ?

XXXIV.

Enfin il se figure qu’il s’égare dans un bosquet avec Hélène, et lui parle d’amour : Hélène l’écoute en soupirant et la rougeur sur le visage ; il la presse avec éloquence, il espère l'attendrir. Hélène laisse aller sa main ; il veut la saisir ; c est un gantelet de fer qu’il rencontre. Le fantôme a changé de sexe : un cimier brille sur sa tête ; sa haute stature s’est développée progressivement : son front est farouche, ses yeux lancent l’éclair de la menace ; maigre les rides qui sillonnent ses traits, malgré son air sombre et terrible, il ressemble encore à Hélène.

Le chevalier s’éveille en sursaut, et la vision de la nuit fait palpiter son cœur d’effroi. Les tisons mourans du foyer jetaient encore par intervalle des lueurs rougeâtres et sinistres qui ne découvraient qu’obscurément les bizarres trophées de ce château. L’étranger fixe ses regards sur la pesante épée dont la chute l’avait fait tressaillir la veille. Mille pensées contraires se succèdent dans son ame. Pour calmer cette agitation cruelle, il se lève, et va contempler les pures clartés de la lune.

XXXV.

Le genet, la rose sauvage et l'églantier exhalaient à l'entour leurs riches parfums ; les bouleaux répandaient leurs larmes embaumées, et le saule laissait pencher ses rameaux immobiles.

Les rayons argentés de l’astre des nuits se jouaient sur